Le mythique hôtel de la Rive gauche s’est offert une nouvelle jeunesse
Construit en 1910 pour loger les clients du Bon Marché en villégiature dans la capitale, le Lutetia s’offre aujourd’hui une seconde jeunesse. Au terme de 4 ans de travaux sous la houlette de l’architecte français Jean-Michel Wilmotte, le Lutetia a rouvert ses portes en juillet 2018. Le Lutétia a obtenu le Label Palace en 2019 et s’adresse dorénavant à une clientèle dite d’« Ultra high-net-worth individuals » (UHNWI), c’est à dire une clientèle « ultra fortunée » et élitiste, habituée aux palaces et aux hôtels de luxe.
Se positionner parmi les 10 meilleurs grands hôtels de la capitale, aussi bien en termes de revenue que de qualité de service.
Qu’est-ce qui distingue le Lutetia des autres Palaces parisiens ?
Le Lutetia compte d’abord sur son histoire singulière, surtout dans la période de l’après-guerre. Cet héritage fait naître un attachement émotionnel des clients pour l’hôtel. Dans l’imaginaire collectif, le Lutetia est l’Hôtel de la Rive gauche.
La singularité de l’hôtel tient aussi dans sa localisation. Le 6e arrondissement est un quartier tranquille, où il fait bon se promener. C’est également un lieu de rendez-vous pour les Parisiens, plus informel que les quartiers où sont situés les palaces de la Rive droite.
L’une des particularités de l’établissement est sans aucun doute le niveau de lumière dans les chambres. Chaque salle de bain jouit de lumière naturelle ce qui est très rare à Paris.
Avec l’aide d’un jeune designer Mr Gaspard YURKIEVICH, les équipes de l’hôtel portent un uniforme différenciant, le même pour toutes les fonctions, pour faire en sorte que les collaborateurs soient reconnus comme appartenant aux équipes de l’hôtel, mais sans pour autant distinguer le métier.
L’hôtel a fait le choix de ne pas avoir de restaurant gastronomique étoilé où les grands espaces sont privilégiés ouverts 7 jours sur 7 et dans lesquels leurs clients peuvent trouver une expérience culinaire gourmet et surtout unique. Il y a plusieurs bars et espaces de restauration qui font du Lutetia un lieu de vie pour les Parisiens. C’est très important pour eux que leurs clients étrangers viennent dans un hôtel parisien, où ils sont amenés à croiser un public parisien.
Enfin, c’est aussi leur philosophie du service qui les différencie. Le personnel est enthousiaste, énergique et gentil. Il mesure toute l’importance du lien avec les clients. Avant la fermeture, le Lutetia était connu pour son esprit de famille : c’est quelque chose que l’hôtel a voulu réinstaurer.
Le positionnement tarifaire du Lutétia ; inférieur à celui des autres palaces parisiens ?
Les nationalités dominantes de leur clientèle est très différente des autres Palaces de la rive droite. La rive gauche n’est pas la destination privilégiée des clients russes et moyen-orientaux, qui privilégient les suites des hôtels de la rive droite. De plus la segmentation est aussi différente, car leurs clients viennent pour des séjours loisirs, souvent en famille, et ce n’est donc pas leur société qui prenne en charge le séjour.
Le propriétaire investisseur à souhaiter maintenir une assez grande capacité chambre (Le Lutetia compte aujourd’hui 184 chambres et suites contre 233 avant les rénovations), en privilégiant l’adaptabilité de leur offre : par exemple, vous trouverez plusieurs chambres communicantes qui se peuvent se transformer en appartements plutôt que la création de grandes suites, ce qui explique un nombre de chambre de 1er catégorie plus important, mais ce qui rend aussi leur établissement plus accessible !
En résumé, quel est donc le positionnement du Lutetia ?
De se positionner parmi les 10 meilleurs grands hôtels de la capitale, aussi bien en termes de revenue que de qualité de service.
Est-ce qu’il rivalise vraiment avec le Ritz ou avec le Crillon ? Non car l’hôtel propose des produits, une ambiance, un design, complètement différents, ce qui est d’ailleurs le propre de la grande hôtellerie : c’est d’être unique… et je pense que le Lutetia propose une ambiance parisienne différente, compte tenu de son ouverture sur la clientèle du quartier et son positionnement géographique.
Le parc hôtelier parisien aussi s’est développé très rapidement ces dernières années. Il va falloir encore 3 ou 4 ans pour que se développe une demande à la mesure de l’offre.
Leur vision des nouvelles technologies au Lutetia
Les chambres ne sont pas équipées de home cinéma dernier cri ni d’assistant personnel intelligent comme Alexa d’Amazon par exemple. Il y a eu la volonté de privilégier la simplicité. Vous trouverez dans toutes les chambres un WIFI gratuit très performant, et une domotique pour contrôler la température, l’ouverture et la fermeture des rideaux, la lumière… Il n’y a pas d’interrupteur dans la chambre. Ce système fonctionne très bien, il est facile d’utilisation. De plus tous leurs clients ont la possibilité d’utiliser le Bluetooth afin de connecter leur Iphone sur leur téléviseur.
Les nouvelles technologies sont merveilleuses lorsqu’elles marchent correctement, mais attention, parfois nous nous rendons souvent compte à l’usage que leur fonctionnement est plus compliqué qu’il n’y paraît. Souvent, les systèmes sophistiqués ne marchent pas comme ils le devraient, et finissent pas créer de la confusion plutôt que de simplifier la vie.
La formation des nouvelles équipes ?
L’hôtel a créé tout un parcours de formation, qualifiant et sur mesure, qui a été suivi par environ 70 % des équipes. Il était nécessaire à la réouverture d’expliquer aux collaborateurs ce qu’est le Lutetia, ce qui fait sa singularité. Cela a nécessité un véritable travail en amont avec les équipes managériales de l’hôtel et de leur groupe hôtelier The Set pour bien définir leur positionnement et leurs valeurs. L’hôtel s’est aussi appuyé sur les anciens salariés, qui représentent l’ADN du Lutetia. Cela aide à créer une bonne dynamique au niveau de la transmission du savoir-faire et de l’esprit de l’hôtel.
Laurent Delporte, éditorialiste et conférencier est un expert stratège du secteur de l’hôtellerie. Visionnaire, il apporte un nouveau regard sur l’hôtellerie au service des décideurs du secteur que cela soit au profit du développement de nouveaux projets ou de l’enrichissement de vision stratégique. Laurent a visité et audité plus de 400 hôtels à travers le monde et participé également à des enquêtes mystères pour contrôler la qualité des plus grands hôtels.