Le parcours de Mossadeck Bally fondateur des hôtels Azalaï en Afrique
Lors de ma participation au Forum Hostelya, j’ai rencontré Mossadeck Bally, le fondateur du Groupe Azalaï. C’est un entrepreneur ! Il a créé un groupe hôtelier en Afrique qui ne cesse de se développer. Le groupe Hôtelier respecte les standards internationaux de l’hôtellerie et apporte tout particulièrement l’hospitalité traditionnelle de l’Afrique de l’ouest qui se perpétue de génération en génération. C’est un fort élément de différenciation par rapport aux autres groupes hôteliers présents en Afrique.
Comment vous en êtes arrivé à l’hôtellerie ? Comment se dit-on je vais créer une chaine d’hôtel au nom d’Azalaï en Afrique ?
En fait c’est un pur hasard. Je suis issu d’une famille de commerçants. Après mon bac, j’ai été à San Francisco où j’ai fait une école de commerce. J’ai ensuite rejoint l’entreprise familiale. Nous importions des denrées alimentaires et nous étions parmi les leaders de l’Afrique de l’Ouest. Et puis, j’ai commencé à sentir que je n’apportais pas de vraie valeur ajoutée même si j’ai beaucoup appris durant cette période. Mon père était un très grand chef d’entreprise et un grand négociant. Il m’a transmis son savoir faire.
J’ai cherché donc comment diversifier mon activité. J’ai pensé au départ à une usine de jus de mangue au Mali, puis des amis à moi, notamment des fournisseurs m’ont dit de regarder dans le secteur de l’hôtellerie parce que rien n’avait encore été fait. J’ai alors profité d’un appel d’offre de l’Etat malien concernant la privatisation des deux plus grands hôtels de Bamako en 1993. J’ai créé à ce moment-là ma propre société et je me suis porté candidat pour gérer le Grand Hôtel. Grâce à un prêt de la SFI (la branche privée de la Banque mondiale) nous avons pu rénover l’hôtel et acheter notre second terrain pour la construction d’un deuxième hôtel. En 2004, nous avons participé à un autre appel d’offre au Burkina, où nous avons repris l’hôtel de l’Indépendance, puis en 2007 l’hôtel du 24 Septembre en Guinée Bissau, puis en 2008 l’hôtel de la Plage au Bénin.
Pourquoi avez-vous choisi de créer la chaîne « Azalaï » ? Quelle a été votre source d’inspiration pour désigner ce nom ?
En 2005, nous avions ces deux hôtels à Bamako, le Grand Hôtel et l’hôtel Salam que nous avions construits, et l’hôtel Indépendance à Ouagadougou. Bien que je sois un investisseur dans l’hôtellerie, c’est vrai je ne suis pas un hôtelier, j’ai fait venir des professionnels pour la gestion des hôtels. Je n’ai pas voulu accepter de signer des contrats de gestion avec des chaînes hôtelières. Il suffit juste de recruter de bons professionnels qualifiés. C’est à ce moment-là que je me suis dit que je devais créer ma propre marque.
J’ai recruté une agence de communication, et je leur ai demandé de nous trouver un logo, un nom et un slogan en leur présentant notre vision. Je leur ai expliqué que nous ne souhaitions pas être que des investisseurs. Nous sentions qu’il y avait une demande croissante d’une hôtellerie Africaine, et nous voulions nous développer de façon indépendante. Cette agence nous a fait plusieurs propositions et j’ai donc retenu « Azalaï », qui veut dire la caravane. Le nom Azalaï évoque les paysages magnifiques du continent – c’était le nom d’une route du commerce qui traversait le Sahara. Les commerçants qui menaient les caravanes le long de la route d’Azalaï étaient réputés pour leur hospitalité et leur générosité.
Je suis originaire d’un petit village de la région de Tombouctou, l’activité ancestrale était d’aller dans les mines de sel et d’en ramener des barres à Tombouctou pour les échanger contre des vivres. C’est de là que vient notre attrait pour le nom Azalaï. Notre slogan est « l’Afrique vous accueille » parce que nous voulions mettre de l’Afrique dans nos hôtels.
Quelle est votre vision du groupe dans 10 – 15 ans ?
C’est de continuer à se développer. Il y a un fort déficit sur le continent africain en termes d’infrastructures hôtelières. Il y a une très forte demande, la classe moyenne est de plus en plus importante, et l’Afrique malgré les crises conjoncturelles type Ebola, attire de plus en plus d’investisseurs. Notre ambition est de finir d’émailler la zone de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine). Nous sommes présents dans tous les pays membres sauf le Togo où nous sommes en prospection. Nous souhaitons ensuite nous implanter dans les pays de l’Afrique de l’Ouest anglophones. Nous avons commencé une prospection au Nigéria, au Ghana, au Libéria… Dans les dix prochaines années, l’ambition est d’être présent dans tous les pays de la CEDAO. Dans trois mois, nous ouvrons en Mauritanie, dans six mois en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry en 2018 et au Sénégal en 2019.
Laurent Delporte, éditorialiste et conférencier est un expert stratège du secteur de l’hôtellerie. Visionnaire, il apporte un nouveau regard sur l’hôtellerie au service des décideurs du secteur que cela soit au profit du développement de nouveaux projets ou de l’enrichissement de vision stratégique. Laurent a visité et audité plus de 400 hôtels à travers le monde et participé également à des enquêtes mystères pour contrôler la qualité des plus grands hôtels.